Basilique Notre-Dame de Brebières

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Basilique Notre-Dame
Image illustrative de l’article Basilique Notre-Dame de Brebières
Présentation
Nom local Basilique Notre-Dame de Brebières
Culte Catholique romain
Dédicataire Notre-Dame
Type Basilique
Rattachement diocèse d'Amiens
Début de la construction 1885
Fin des travaux 1895
Architecte Edmond Duthoit et Louis Duthoit
Style dominant Architecture néo-byzantine
Protection Logo monument historique Classé MH (2004) [1]
Site web Paroisse Notre Dame de Brebières
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Province Picardie Picardie
Région Hauts-de-France
Département Somme
Ville Albert
Coordonnées 50° 00′ 15″ nord, 2° 38′ 54″ est

Carte

La basilique Notre-Dame de Brebières est une basilique catholique située à Albert (Somme), elle fut construite à la fin du XIXe siècle. Son architecture originale en fait un édifice majeur du patrimoine religieux de la Picardie, classée monument historique.

Histoire[modifier | modifier le code]

Construction[modifier | modifier le code]

Notre-Dame-de-Brebières constitua l'un des hauts lieux du culte marial en Picardie depuis les XIe et XIIe siècles[1]. À la fin du XIXe siècle, le pèlerinage connut un regain de ferveur avec l'ensemble de la dévotion mariale (comme à La Salette et à Lourdes).

La basilique Notre-Dame de Brebières a été construite sous l'impulsion d'Anicet Godin, curé-doyen d'Albert de 1882 à 1913. Elle remplaça l'église paroissiale, édifiée après l'incendie de 1660 et terminée en 1705. Devenue trop petite[2] pour accueillir des fidèles toujours plus nombreux du fait du développement de la ville pendant la révolution industrielle, il fut décidé de détruire l'église existante et d'en édifier une nouvelle.

En 1895, au moment de son inauguration, le pape Léon XIII conféra le titre honorifique de basilique mineure à la nouvelle église. Il précisait dans sa bulle pontificale son ambition pour la basilique : « Il faudrait qu'Albert devienne la Lourdes du Nord »[3].

L'édification de la basilique nécessita le bétonnage du lit de l'Ancre qui coule sous le chœur sur une longueur de vingt-sept mètres. L'élévation fut effectuée sur les plans de l'architecte Edmond Duthoit de 1885 à 1897. Après son décès en 1889, la conduite des travaux fut confiée à Henri Bernard, son principal collaborateur[2]. Le clocher-porche, haut de 62 m, était surmonté d'un dôme portant une statue dorée de la Vierge Marie qui culmine à 82 m, œuvre d'Albert Roze, sculpteur amiénois.

Destruction[modifier | modifier le code]

La basilique d'Albert fut totalement détruite au cours de la Grande Guerre. En 1915, un obus toucha le dôme soutenant la statue, qui s'inclina, mais resta dans un équilibre précaire et impressionnant. Cet événement donna naissance à une légende : « Quand la Vierge d'Albert tombera, la Guerre finira. » disaient poilus et tommies. La photographie de cette basilique détruite et sa « Vierge penchée » fut envoyée à travers le monde par les soldats à leur famille - en carte postale - et contribua à sa célébrité planétaire. En , lors de la dernière offensive allemande, la Bataille du Kaiser, la basilique fut anéantie sous les obus et la statue de la Vierge dorée s'écrasa au sol.

Reconstruction[modifier | modifier le code]

La basilique fut reconstruite à l'identique par l'architecte Louis Duthoit, fils d'Edmond Duthoit, entre 1927 et 1931. La décoration intérieure reprit en partie la décoration d'origine.

La tour-clocher a été refaite à l'identique. Une réplique de la « Vierge dorée » due également à Albert Roze fut ré-installée lors de la reconstruction de l'édifice de 1927 à 1929. La toiture du dôme et la dorure de la statue ont été récemment restaurées.

Centenaire de la Bataille de la Somme[modifier | modifier le code]

Dans le cadre des cérémonies commémorant le centenaire de la Bataille de la Somme, La cantatrice américaine Barbara Hendricks a donné un Concert de la paix accompagné par l'Orchestre de Picardie, le vendredi à 22 heures à la basilique d'Albert.

Architecture et décor[modifier | modifier le code]

Architecture[modifier | modifier le code]

La basilique Notre-Dame de Brebières, est un exemple d'édifice de style néo-byzantin. Ce vaste bâtiment de brique fut édifiée de 1885 à 1897 par le picard Edmond Duthoit, architecte et orientaliste qui a défini ainsi son œuvre :

« L’architecture de l’église d’Albert est la synthèse de ce que j’ai vu : mon clocher est un minaret de Tlemcen ou de Séville. Sur les palais de Sienne ou de Florence, on voit des consoles qui ressemblent terriblement aux corniches de la nouvelle église ; celles des absides, avec leurs demi-coupoles et leurs corbeaux, sont originaires de Syrie, la claire-voie supérieure se rencontre dans toutes les basiliques de Syrie, d’Italie, de Sicile et de Corse. Les grands arcs en fer à cheval, qui séparent les bas-côtés de la nef principale, sont empruntés à la grande mosquée de Tlemcen. La mosquée de Kairouan m’a fourni la disposition des tailloirs, des chapiteaux, mon portail rappellera les dispositions que j’ai admirées à la mosquée de Tunis[Note 1]. Enfin, je serai heureux qu’en regardant la décoration de l’abside, le touriste pensât à celle de l’église de Monreale, près de Palerme. Je ne puis donner un nom à ce mélange ; tous ces éléments qui le composent sont bons : puisse leur combinaison n’être pas désagréable aux visiteurs![4]. »

La façade principale est formée par un porche à trois portails situés sous le clocher.

Le sol et la façade sont décorés de mosaïques.

Le clocher-porche culmine à 76 m. Sa partie supérieure est composée d'un dôme portant une Vierge recouverte de 40 000 feuilles d'or, haute de six mètres (œuvre d'Albert Roze), présentant l'Enfant-Jésus : les bras de l'enfant forment une croix[Note 2]. Le dôme a été, quant à lui, fabriqué dans les ateliers Monduit[5]. Une galerie extérieure située à soixante mètres au-dessus du sol permet de faire le tour du clocher et offre une vue remarquable sur la ville et ses environs.

Le plan de l'édifice rappelle celui des premières basiliques chrétiennes avec une grande abside formée d'une chapelle surélevée et encadrée de deux absidioles s'appuyant de part et d'autre sur le transept terminé lui aussi au nord et au sud par deux absidioles.

La croisée du transept est surmontée d'une petite tour lanterne quadrangulaire.

Une nef de cinq travées flanquée de deux collatéraux prolonge l'édifice. Chacune des travées, communique avec les collatéraux qui s'ouvrent de chaque côté sur cinq chapelles.

Une charpente décorée et un plafond à caisson remplacent les traditionnelles voûtes.

La longueur de l'édifice est de 70 m, sa largeur est de 35 m au transept. La hauteur sous plafond est de 23 m.

Décor[modifier | modifier le code]

Reconstruite à l'identique après les destructions de la Grande Guerre par le fils de l'architecte, Louis Duthoit, entre 1927 et 1931 aidé de son fils[6], la basilique a retrouvé une partie de son riche décor intérieur.

La décoration de l'édifice est remarquable. L'entrée de la basilique prend la forme d'un narthex dont le plafond est fait de trois coupoles sur plan carré qui reposent sur de larges arcs-doubleaux. Chaque portail est surmonté d'une mosaïque de style byzantin œuvre d'Albert Polart.

Vitraux et mosaïques[modifier | modifier le code]

Vitrail figurant la Nativité

Sculptures[modifier | modifier le code]

Le sculpteur Louis Leclabart de l'atelier d'Albert Roze participa également à la décoration de la basilique.

Peintures[modifier | modifier le code]

Les orgues[modifier | modifier le code]

L'orgue de tribune

L'orgue de tribune[modifier | modifier le code]

L'orgue de tribune inauguré en 1901 était l’œuvre de Joseph Gutschenritter, directeur de la manufacture Joseph Merklin. La Grande Guerre ayant anéanti la basilique, les orgues furent totalement détruites. Elles furent remplacées, en 1958, par un instrument construit par la maison Jacquot-Lavergne, avec réemploi de la tuyauterie de l'ancien orgue de chœur[8]. L'orgue est composé de 1 944 tuyaux en hêtre ou en alliage d'étain et de plomb.

En 2018, le facteur d'orgues lillois Antoine Pascal est chargé d'entreprendre des travaux de sauvetage de l'orgue attaqué par des vers : 700 tuyaux sont démontés, nettoyés et traités; des peaux d'étanchéité sont refaites. L'état des joints de la soufflerie nécessiterait une réfection[9]. Antoine Pascal a estimé la valeur de l'orgue de tribune d'Albert à 400 000 euros.

Composition de l'orgue[modifier | modifier le code]

I. Grand orgue II. Positif expressif III. Récit expressif IV. Pédale
Bourdon 16

Montre 8

Flûte harmonique 8

Prestant 4

Doublette 2

Fourniture 3 rangs

Cymbale 3 rangs

Bombarde 16

Trompette 8

Clairon 4

Flûte creuse 8

Bourdon à cheminée 8

Salicional 8

Flûte 4

Quinte 2 2/3

Quarte de nasard 2

Tierce 1 3/5

Larigot 1 1/3

Cromorne 8

Diapason 8

Cor de nuit 8

Viole de gambe 8

Voix céleste 8

Octave 4

Nasard 2 2/3

Flageolet 2

Tierce 1 3/5

Trompette 8

Flûte 16

Soubasse 16

Quinte 10 2/3

Flûte 8

Basse 8

Flûte 4

Bombarde 16

Trompette 8

Clairon 4

L'orgue de chœur[modifier | modifier le code]

L'orgue de chœur

L'orgue de chœur réalisé, lui aussi, par Jacquot-Lavergne fut installé dans la basilique à la même époque que l'orgue de tribune. C'est un orgue de système unit qui réutilise un buffet plus ancien de la manufacture Joseph Merklin.

Composition de l'orgue[modifier | modifier le code]

I. Grand-Orgue expressif II. Récit expressif III. Pédale
Bourdon 16

Bourdon 8 (extension)

Flûte ouverte 4 (extension)

Flautino 2 (extension)

Dulciane 16

Salicional 8

Fugara 4

Salicet 2

Plein-Jeu 3 rangs

Soubasse 16 (emprunt GO)

Montre 8

Bourdon 8 (emprunt GO)

Flûte 4 (emprunt GO )

Mobilier liturgique[modifier | modifier le code]

Trésor[modifier | modifier le code]

Les cloches[modifier | modifier le code]

A l'intérieur de la tour-clocher, le beffroi en bois à deux étages abrite quatre cloches d'airain (78 % de cuivre et 22 % d'étain) fondues par l'entreprise Wauthy de Sin-le-Noble, à côté de Douai en 1934 parmi lesquelles :

  • « Marie de Brebières », le bourdon (6 300 kg)[10] ;
  • « Marie-Louise » et
  • « Christophérine »

Le battant de chacune de ces trois cloches a été remplacé en 2018. Il représente 3,5 % du poids de la cloche et a été fabriqué en acier[11].

Galerie de photos[modifier | modifier le code]

Juste sur le côté sud de la basilique, se trouve l'entrée du Musée Somme 1916.

Pour approfondir[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • A. Gosset, Notre-Dame de Brebières, 1919, Blanchard, réédition Inval-Boiron, Édition La Vague verte, 2011 (ISBN 978-2-35637-036-5).
  • Pierre Laboureyras, La Destruction d'une cité picarde et d'une basilique mariale la ville d'Albert avant et pendant la guerre, 1914-1915, 1916, réédition, Paris, Le Livre d’histoire-Lotisse, 2012 (ISBN 978-2-7586-0684-0)
  • Paul Roger, Histoire des cathédrales, abbayes, châteaux-forts et villes de la Picardie et de l'Artois, Amiens, 1842, édition Duval et Herment; 2003, Reprint Éditions La Découvrance (ISBN 2842652061 et 9782842652067).
  • Yves Sainte-Marie, Notre-Dame de Brebières, La ville d'Albert - Des origines à la Révolution - De la Révolution à nos jours, Boulogne, 1908, Édition France-Album.
  • Raymond Lévy, Albert, cité d'Ancre, Sulton Editions, 2020 (ISBN 978-2 813 813 077)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. vraisemblablement la mosquée Zitouna.
  2. Une réplique de cette statue orne l'hôpital français d'Ismaïlia et une réduction en bronze doré est conservée au Vatican.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Source classée MH par arrêté du 12 mai 2004 : Notice no PA80000002, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. a et b Pierre Laboureyras, La Destruction d'une cité picarde et d'une basilique mariale la ville d'Albert avant et pendant la guerre, 1914-1915, 1916
  3. https://www.zevisit.com/guide/pays-du-coquelicot/albert-la-basilique
  4. Pierre Laboureyras, La Destruction d'une cité picarde et d'une basilique mariale. La ville d'Albert avant et pendant la guerre, 1914-1915, 1916
  5. Musée d'Orsay, Paris, France
  6. Jean-Pascal Soudagne, Guide de la Somme - 1914-1918 - Lieux de combats et de mémoire, Hors-série de la revue 14-18, le magazine de la Grande Guerre, (ISSN 1627-6612).
  7. a et b Pierre Laboureyras, La Destruction d'une cité picarde et d'une basilique mariale la ville d'Albert avant et pendant la guerre, 1914-1915, 1916, réédition, Paris, Le Livre d'histoire-Lotisse, 2012 (ISBN 9782758606840).
  8. Le Grand-Orgue Jacquot-Lavergne de la basilique d'Albert, consulté le 13 février 2022.
  9. Courrier picard, « L’orgue de la basilique Notre-Dame de Brebières d’Albert reçoit les premiers secours », Le Courrier picard,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  10. Raymond Lévy, Albert, cité d'Ancre, Sulton Editions (ISBN 978-2 813 813 077)
  11. Courrier picard, « Il faut prendre soin des cloches de la basilique d'Albert », Le Courrier picard,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le ).